Ballet de sorcières

L’histoire
Elle, c’est la conteuse, petit personnage vif et malicieux, elle bouffe, s’empiffre, se goinfre d’histoires de sorcières ! Et le soir dans le noir, une seule question la hante : A quoi reconnaître une sorcière ? Pour certaines c’est facile, on connaît la chanson, le nez crochu, chapeau pointu, du poil au menton, une verrue sur le front, un chat noir pour compagnon, c’est un classique. Mais pour d’autres c’est plus difficile elles passent inaperçues. Méfiance ! Les sorcières d’aujourd’hui s’habillent normalement, et ressemblent à la plupart des femmes. Voilà pourquoi elles sont si difficiles à repérer.
Une adaptation théâtrale
Pour ses créations Agnès Pétreau part de matériaux divers : contes, pièces, fables. « Ballet de sorcières » est l’adaptation libre de deux contes « Ma mère est une sorcière » de Agnès Bertron et « Cul de citrouille » de Yak Rivais. Le choix de ces textes littéraires pour la jeunesse permet d’explorer le monde des sorcières. Les deux histoires mettent en scène des sorcières traditionnelles et des sorcières contemporaines. Si nos sorcières au chapeau pointu nous donnent toujours des frissons, il est certain que les sorcières d’aujourd’hui sont tout autant redoutables car on ne peut les reconnaître, elles ressemblent à madame n’importe qui. Le lien entre ces deux récits est crée par le personnage de la conteuse. « Méfiance ! » s’empresse-t-elle de nous dire « ouvrez grand vos oreilles et n’oubliez jamais bien ce qui va suivre, c’est d’une importance capitale ». - on trouvera ici un clin d’œil à l’ouvrage de Roald Dahl « Sacrées sorcières » - L’attention demandée au spectateur met en place la tension du récit. Comment se déjouer des sorcières ? Au fil de l’histoire on joue à se faire peur, comme on se joue des vieilles frayeurs. Un refrain chantonné qui rebondit contre les murs « Sorcière, sorcière, prend garde à ton derrière » …
Une forme légère, un solo
Le choix d’explorer des grandes et des petites formes théâtrales fait partie de notre travail. Elles cohabitent et permettent de s’inscrire sur le territoire dans des lieux et espaces culturels différents. « Ballet de sorcières » fait partie de ces formes légères. Elles permettent d’aller à la rencontre de tous les publics et de faire partager notre passion du livre. Ces formes s’adaptent à tous les lieux et n’ont pas besoin d’une infrastructure lourde. La salle est aménagée avant le spectacle (petit matériel technique) qui se transforme alors en espace théâtral.
Dans ces formes le comédien est au cœur du processus de création, dans un rapport d’engagement complet, physique. « Je suis née et ai fait mes apprentissages dans un théâtre de corps, de corps en sueur. J’y ai exercé le mouvement, l’art du geste et du jeu masqué. Aujourd’hui ce savoir-faire vient enrichir mon travail sur le mot. Dans un espace dépouillé, j’interprète tous les personnages d’un récit » explique Agnès Pétreau. L'absence de moyens sophistiqués n'exclut pas la théâtralité, au contraire : bien visibles, les artifices utilisés ne font que renforcer chez le public le bonheur de voir le théâtre en train de se faire. Un jeu entier et des moyens simples, cela donne un théâtre brut, ou l’imaginaire circule.
La scénographie « Un ballet de balais »
Pas de machinerie complexe, de décor imposant mais un visuel riche et précis qui offre à l’enfant des repères tant sur les lieux que sur les personnages.
Le dispositif scénique est composé de balais disposés dans l’espace. En fond de scène un fauteuil. Dans le premier conte "Ma mère est une sorcière" deux balais sont disposés à deux endroits différents définissant l'espace de chaque personnage : Pirella et sa mère. Pour la maîtresse, qui elle ne fait pas partie du monde des sorcières, le personnage est dessiné sur une toile. Les autres balais représentent une pléiade de sorcières.
Dans le second conte "Cul de citrouille" deux balais font office de pilier. Entre eux est tendue une ficelle sur laquelle des accessoires (moustaches, chapeau, pancarte, ...) sont accrochés. Ces éléments permettent d'incarner au fur et à mesure les divers personnages dans un trajet linéaire. Après la rencontre avec Merlin, Albert et sa mère pénètrent dans l'antre de la sorcière. L'espace s'ouvre, en fond de scène le fauteuil devient celui de la sorcière.
Production : Senna’ga Cie
Résidence de création : Association Les Capucines des Figons à Eguilles
Aide à la création : Ville d’Aix-en-Provence