SENNA'GA CIE
compagnie professionnelle de théâtre à Aix en Provence
tout public
Poil de carotte replay

GÉNÉRIQUE
Spectacle à voir en famille dès 8 ans
Durée 1h
Ecriture et mise en scène Agnès Pétreau
Avec Sofy Jordan, Samuel Lachmanowits, Agnès Pétreau
Scénographie Marc Anquetil
Construction du décor Contrevent, Atelier scénographies décors
Costumes, accessoires Aurélie Guin
Création des lumières Damien Thille
Régie lumière et son Claire Jullien
Montage son Guillaume Saurel
Assistantes stagiaires Sarah Hassenforder, Célia Pistono
Chargée de diffusion Carine Steullet
Photos Agnès Maury
Captation vidéo Philippe Hanula
Production : Senna'ga Cie
Coproduction et Résidences : Scènes et Cinés - Scène conventionnée Art en territoire - Territoire Istres Ouest Provence : Espace Robert Hossein à Grans & Le Théâtre de Fos-sur-Mer / Espace Nova Velaux
Aide à la création : Drac Paca, Ville d'Aix-en-Provence, Département 13
Parcours de création
Depuis 2015, l’équipe artistique travaille sur le champ thématique de la famille. Trois œuvres contemporaines ont été créées jusqu’à présent.
Avec "Poil de carotte" s’ouvre un nouveau cycle créatif autour de la relation parent-enfant, la place dans la famille, la maltraitance et le pouvoir à la maison.
Agnès Pétreau enquête sur ce personnage, avatar de papier de Jules Renard. La pièce de théâtre "Poil de carotte", comédie réaliste publiée en 1900 et "Le Journal" de Jules Renard apportent un éclairage supplémentaire sur l’enfant que l’auteur a été. La recherche consiste à comprendre comment Jules a reconstitué son identité ou pas, après une enfance en déshérence d’amour, rejeté par sa mère qui le maltraite et un père absent. À partir de cette matière littéraire, Agnès Pétreau écrit une fiction.
Le récit
Julie fait de la boxe, ça la défoule. Petite, elle tapait sur une espèce de boudin dans sa chambre, déversant avec rage une liste de sobriquets à chaque rafale de coups de poing. Elle, son surnom, c’est Bouboule. C’est sa mère qui lui a donné. Elle subit les violences maternelles et le laisser-faire de son père.
Des années plus tard, Julie lit «Poil de Carotte». Ses souvenirs d’enfance remontent. Elle réalise alors ce qui a fait d’elle une proie : le désamour de ses parents, elle au milieu d’eux, l’enfant non désirée, responsable de quoi ? D’être née tout simplement.
Cette pièce nous invite à suivre deux vies parallèles : celle de Bouboule, Julie, et celle de Poil de Carotte, Jules Renard. Tout semble les séparer, et pourtant les maux et écorchures ressentis sont les mêmes, le sentiment d’être de trop, dépassés par quelque chose qui ne leur appartient pas.
Dans ce spectacle Julie convoque, à son gré, des personnages de « Poil de Carotte » pour rejouer ce drame familial, mise en abîme de sa propre histoire.
Notes d’intentions dramaturgiques de la metteuse en scène
"Poil de Carotte replay" est une réécriture de "Poil de Carotte".
La relation à l’art constitue la colonne vertébrale du texte. C’est à partir de la rencontre entre Julie et l’œuvre de Jules Renard que le dispositif dramaturgique se met en place. Il s’organise autour de la problématique de l’enfant victime du règlement de compte parental.
Quand on parle de "Poil de Carotte" la thématique première énoncée est la maltraitance. Il y a des gifles, de l’humiliation. On voit madame Lepic menacer son enfant de coup, l’enfermer dans sa chambre, le priver de nourriture, lui faire manger des épluchures, des ordures qui sont destinées aux lapins. Poil de Carotte réagit, loin d’être une victime il se débat. Le garçon a une force de caractère et une habilité à feindre qui lui permet de résister ou d’éviter ou de se glisser. Jules Renard a brossé le portrait d’un enfant vif, rusé, calculateur, pouilleux, malpropre. Tout le contraire d’un ange. Il s’arrange avec ses peurs. Les chapitres se succèdent et le lecteur assiste à une série de pirouettes inventées par l’enfant pour déjouer les malveillances de sa mère.
Ce n’est qu’à la fin du récit que l’enfant se révolte. Après la scène de confrontation avec sa mère, Poil de Carotte se confie à son père "je n’aime pas ma mère". Le père lui répond quelques lignes plus loin "Et moi, crois-tu que je l’aime". Et tout commence là.
Tout au long de la période de recherche que j’ai mené, je me suis demandée si l’écriture de Poil de Carotte ne l’avait pas débarrassé ou réparé de son enfance cabossée ? Un acte résilient en soit. L’avait-il écrit pour cela ?
Je remarque que l’auteur éprouve la nécessité, en 1900, d’y revenir et écrit la pièce "Poil de Carotte". Il note dans son Journal "La délivrance n’était que partielle. Il restait du Poil de Carotte en moi". Il écrit alors cette pièce pour faire éclater la vérité. Il met en scène une discussion entre Poil de Carotte et Mr Lepic. Dialogue rêvé où il réinvente son père, le sacralise. En lisant Le Journal, j’ai plutôt découvert un homme taiseux, dont Poil de carotte cherchera en vain des signes d’affection et de reconnaissance. Dans cette pièce il veut en découdre avec son histoire familiale et l’origine de son malheur : la crise conjugale et lui, l’enfant non désiré, au milieu. Le père confie à l’enfant que son mariage est un échec. De sa mère, sur le sujet, nous ne saurons que peu de choses. Il écrit dans son journal : "Elle retrouve dans son fils le même homme muet qu’était son mari, de plus le mari reste invisible".
"Poil de Carotte replay" tisse un pont entre Jules Renard et le monde contemporain.
Comment ce récit fait-il écho aujourd’hui aux jeunes ?
Le personnage de Bouboule est une gamine de nos jours. La littérature comme le théâtre ont un pouvoir cathartique. La lecture de Poil de Carotte a déclenché chez elle une reconnaissance, un truc PAREIL dont la source est confuse.
Des blessures lointaines se réveillent chez Julie et elle les accueille. Elle "veut que ÇA CESSE". Dénouer les fils de son histoire familiale, de ce qui ne lui appartient pas et dont elle est le jouet et la victime, voilà l’enjeu. Comment guérir de sa famille ?
