
jeune public
Petite soeur

GÉNÉRIQUE
Lecture théâtralisée à partir de 8 ans
Durée 1 h
Auteur Jon Fosse
Mise en scène Agnès Pétreau
Distribution Florine Mullard, Mathieu Tanguy
Chargée de diffusion Carine Steullet
Production : Senna'ga Cie
Résidences : Centre social et culturel Jean-Paul Coste à Aix-en-Provence
Aides financières : Opening Nights et ville d’Aix-en-Provence
Parcours de création
Depuis plusieurs années la compagnie travaille sur le champ thématique de LA FAMILLE.
Quatre œuvres contemporaines ont été créées
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La généalogie – « Arsène et Coquelicot » de Sylvain Levey
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La fratrie - « ’aime pas ma petite sœur » de Sébastien Joanniez
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La famille d’accueil – « 11 à table » d’Agnès Pétreau
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La maltraitance familiale – « Poil de Carotte replay » d’après Poil de Carotte de Jules Renard
Ce chemin de création nous amène aujourd’hui à nous intéresser à l’émancipation. Comment quitte-on la maison ? Cette lecture théâtralisée est l’occasion d’écouter cette jeunesse d’aujourd’hui sur leur vision du monde et les questions métaphysiques que cela génère. Mais également, entre inquiétude et élan de vie, les inviter à parler de l’avenir.
Trois histoires
« Kant » raconte les nuits agitées de Kristoffer, un enfant de huit ans. Le soir au coucher, il reste souvent éveillé, préoccupé par l'univers. Celui-ci a-t-il une fin ? S'il n'y a rien, qu'y a-t-il pour autant ? Tout ne peut pas continuer comme ça à l'infini, et rien ne peut pas être rien. L'univers a-t-il ou non un bord ? Ce soir-là, son père lui vient en aide. Il lui parle de Kant, ce philosophe qui l'a aidé à comprendre pourquoi on ne peut pas tout comprendre.
« Noir et humide » fait le récit de la petite Lene qui est face à un dilemme. Va-t-elle ou non avoir le courage de descendre à la cave ? Car c’est son rêve, descendre toute seule à la cave de la maison, cet endroit noir et humide. Mais Lene sait fort bien que jamais sa maman ne l’autorisera à le faire. Elle profite pourtant de son absence pour mettre son plan à exécution. D’abord, elle doit aller chercher la précieuse lampe de poche jaune de son frère Asle qui se trouve sur l’étagère de sa chambre, car bien sûr il fait très noir dans la cave…
« Petite sœur » est l’aventure d’un jeune garçon et de sa petite sœur. Le jeune homme ne peut s’empêcher de braver l’interdit de la mère : ne pas s’éloigner de la maison. Mais l’appel de la mer, l’envie d’évasion et de découverte est plus forte. La plupart du temps il entraîne sa petite sœur avec lui !
Notes d’intentions dramaturgiques de la metteure en scène
L’émancipation est un thème récurrent chez Jon Fosse. Dans son « Manuscrit des chiens », que j’ai lu il y a quelques années, le lecteur est confronté au dilemme du chien Websterr qui veut quitter la vieille Oline pour découvrir le monde. Mais où va-t-il trouver le courage de le faire ? Cela l’effraie tout autant qu’il en a envie. Se mêle à cela la culpabilité d’abandonner sa maîtresse qui le choie.
Avec le recueil « Petit sœur », nous sommes au cœur du sujet. Comment découvrir le monde, oser quitter le cocon familial ? Outre la question de « l’envol » et du détachement, il y a aussi la façon dont chacun perçoit le monde. Là, ce sont les enfants qui regardent, qui palpitent, s’angoissent et s’interrogent sur l’univers. C’est beau, c’est grand, géant, c’est vivant, mais ça fait peur. Pour « oser » aller vers l’inconnu, les personnages enfantins sont entourés de la bienveillance de leurs parents, quoique dans la dernière nouvelle l’angoisse de la mère dépasse celle des enfants.
La découverte du monde passe par la transgression et la recherche des limites : jusqu’où aller et à quel moment se met-on en danger ? Les trois récits offrent des entrées différentes. Kristoffer a peur de l’univers, il mène une réflexion angoissante dans un lieu sécurisant, son lit, rassurer par la présence de son père. Lene, dans « Noir et humide », nous entraîne dans son inconscient, qui lui fait imaginer le pire. Elle doit apprivoiser ses fantasmes pour « devenir ». Elle traverse la culpabilité de trahir son frère, projette sur sa mère une interdiction d’aller à la cave. Elle aurait tant besoin d’être éclairé par son grand frère. Enfin, dans la dernière histoire, le frère (qui n’a pas de prénom, comme sa sœur) a un désir incontrôlable, un enthousiasme fou à vouloir découvrir la beauté du monde. Il entraîne sa sœur dans ses folles expéditions. C’est la peur de la mère qui arrête et sanctionne, elle décide des limites. Il doit passer outre, c’est vital. La présence du couple du gros homme et sa femme nous conduit sur les chemins de la méfiance. Tout dans la société, autour de nous, peut être suspect, nous mettre en danger. Il ne faut pas sortir, sortir n’importe où, aller avec n’importe qui. Comment découvrir le monde alors ?
